
23 Nov Chronique de Joseph Thouvenel: 35 h00 un débat pour rien ?
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Chronique de J. THOUVENEL du 22.11.2016 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux ! |
Louis Daufresne : vous avez choisi de nous parler des 35 heures.
Joseph THOUVENEL : Effectivement Louis, j’étais, il y a quelques jours l’invité d’un cercle de réflexion normand ayant notamment comme particularité de se réunir dans des lieux différents en fonction de l’orateur et du sujet traité.
C’est logiquement que mon intervention s’est déroulée au cœur d’une usine, au milieu des machines, câbles et autres instruments de production.
J’ai notamment traité de la question de la durée du travail dans notre pays.
Louis DAUFRESNE : Sujet d’actualité si j’en crois les débats de la primaire de droite.
Joseph THOUVENEL : Absolument Louis ! Nous entendons de façon récurrente parler du « carcan des 35 heures » et du problème de la durée du travail en France. Antienne reprise régulièrement par des politiques, des économistes, des journalistes, qui à force d’être répétée en boucle devient vérité pour l’opinion publique.
Mais qu’en est-il réellement ?
La réponse me semble-t-il est dans une question simple : « Quel est le texte qui interdit à un chef d’entreprise de faire travailler ses salariés au-delà de 35h ? »
La réponse est : ce texte n’existe pas !
Un employeur peut faire travailler ses salariés jusqu’à 48h sur une même semaine, voire jusqu’à 60h en cas de circonstances exceptionnelles.
Par contre, le contrat de travail étant un contrat de subordination, un salarié ne peut refuser d’effectuer des heures supplémentaires si son employeur lui demande.
La jurisprudence va même jusqu’à considérer que le refus du salarié ; sans motif légitime ; constitue un acte d’insubordination constitutif d’une faute grave, privative des indemnités de licenciement et rendant impossible le maintien du salarié dans l’entreprise pendant la durée du préavis.
En clair : viré du jour au lendemain sans indemnité.
Louis DAUFRESNE : Alors pour vous, Joseph, il n’y a pas de problème de durée du travail dans notre pays ?
Joseph THOUVENEL : Et bien non Louis. Notre problème n’est pas celui de la durée du travail. 35h est simplement la limite à partir de laquelle les salariés sont payés en heures supplémentaires.
C’est là où il peut y avoir difficulté, rémunérer 25% de plus l’heure de travail peut dans certains cas obérer la rentabilité de l’entreprise.
Le sujet à traiter n’est donc pas la durée du travail, mais le coût du travail, ce qui n’est pas la même chose.
Ce qui m’a conforté et fait plaisir, c’est la réaction du patron de l’entreprise qui nous recevait. Lui, l’industriel qui fabrique des machines pour la sous-traitance automobile, qui est à la tête de 3 usines dont une en Pologne, à confirmer mes propos. S’il est vital pour cet entrepreneur à la tête d’une PME de rester compétitif, la durée du travail, 35h ou au-delà si nécessaire, ne présente pour lui aucun problème. Son souci, c’est le coût du travail, la fiscalité, les contraintes administratives, la réglementation changeante.
Rien à voir donc avec la durée du travail dont la moyenne effective, dépasse les 39h et je ne parle pas des cadres et autres salariés au forfait.
Etre incapable d’appréhender la réalité par manque de connaissance ou par aveuglement idéologique, comme nombre de politiques, interroge fortement quand les mêmes ont l’ambition de gouverner le pays.