CFTC Paris | Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas
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Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas

Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas

Monsieur Bertrand DELANOË Maire de Paris

 

Paris le 05 septembre 2006

En avril 2005, lors du décès du Saint-père Jean-Paul II, notre organisation syndicale vous avait remercié pour la noble attitude que vous aviez eue en ces circonstances exceptionnelles de sérénité. Nous nous étions également permis de vous faire part de la regrettable polémique engagée à cette occasion, par certains de vos adjoints, autour de la laïcité et de l’hommage rendu à ce personnage considérable de notre Histoire, qui était et restera une référence pour la jeunesse du monde, parce que sans complaisance, sans hypocrisie, sans lâcheté, il a su lui parler. Sous votre impulsion, et dans la continuité de vos convictions, vous avez fait adopter en juillet dernier une délibération du Conseil de Paris, accordant l’adjonction du nom de « Place Jean-Paul II, 1920-2005, pape (1978-2005) », à celui du parvis de Notre-Dame Vous avez posé un acte dont la portée positive, inscrite dans la culture de Vie dont parlait Jean-Paul II, était plus grande que sa propre stature humaine Cette reconnaissance de votre part honore le premier magistrat de la Capitale. Ce 3 septembre, lors de l’inauguration de la plaque de la nouvelle appellation du parvis Notre-Dame, par un discours poignant emprunt d’une grande sincérité et d’une vive émotion, parlant en votre nom propre avec une rare franchise, vous avez évoqué le trésor immense de l’héritage spirituel du défunt Jean-Paul II, rappelant le rôle déterminant du Pape, « sentinelle majeure des temps modernes », dans l’effondrement du mur de Berlin, son initiative pour la repentance, son ouverture constante au dialogue, avec les juifs, les musulmans, la mémoire de l’esclavage, la réhabilitation de Galilée…,  louant également sa « clairvoyance active, érigée, tel un rempart contre toutes les dérives intégristes », défendant ainsi« le rôle historique d’un homme » au-delà des « controverses ». En tant que  premier citoyen de Paris, vous  avez justement rappelé que si le principe de la laïcité – auquel vous êtes très attaché – est celui de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il n’implique en aucun cas l’ignorance réciproque, ou l’hostilité, et que les hommes de foi ont toute leur place dans la Cité. Reprenant les mots d’Aragon,  « Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas », vous vous êtes attaché à souligner l’apport de Jean-Paul II pour l’unité dans la vie de la cité, dans la vie communautaire et sociale.Sur le parvis, ce fut l’étonnement, la stupéfaction admirative, et, pour une partie de l’assistance, le bonheur, un de ses membres allant jusqu’à pleurer discrètement d’émotion en vous écoutant. Aussi, nous regrettons vivement à nouveau que certains de vos adjoints du groupe « Les verts », que nous côtoierons désormais avec amertume lorsqu’ils présideront des instances paritaires, aient récidivé en s’associant « négativement », certes à titre personnel, à cette cérémonie officielle, troublant cependant vilement une période de discrétion qui s’imposait, nous semble-t-il, à des élus… En tant qu’organisation syndicale d’inspiration sociale chrétienne, nous saluons, Monsieur le Maire, votre courage, n’hésitant pas, en homme libre, à prendre une décision à contre-pied de certains de vos partenaires politiques Nous saluons également votre ouverture d’esprit, non feinte, dont témoigne l’hommage public que vous avez donc voulu rendre à un homme dont on sait que vous ne partagez ni la foi, ni la totalité des opinions. Vous avez conclu votre discours par : « Puisse le nom de Jean-Paul II, désormais inscrit en ce lieu, maintenir intactes notre vigilance, notre tolérance, notre courage et surtout notre capacité à nous enrichir des autres ».

Permettez-nous donc, Monsieur le Maire, pour conclure, à notre tour, cette lettre, de reprendre vos propos lors de vos vœux 2002 aux élus parisiens : « Par la richesse de nos convictions, indispensable à nos différences, par un conflit créatif, je souhaite qu’en se combattant, nous soyons heureux de vivre ensemble et de servir la démocratie »…

Nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, à l’expression de notre haute considération.

Paul Legal Sécrétaire Général CFTC Ville de Paris