12 Nov Chronique de Joseph THOUVENEL du 03.11.2009 sur Radio Notre Dame 100.7
Elle a 100 fois raisons. Aussi, aujourd’hui, vais-je m’intéresser aux meilleurs de nos institutions scolaires, à ces établissements élitistes qui affichent comme autant de médailles récoltées sur le front de l’ignorance, leurs exceptionnels taux de réussites aux examens. Quel est leur méthode de réussite, quelles valeurs transmettent-ils ?
Pour la méthode, c’est simple. Vraisemblablement inspirée de celle visant à l’amélioration de la race chevaline. Elle consiste à éliminer au fur et à mesure des ans, les plus en difficulté, les plus fragiles, puis les moyens, les dissipés, les qui ne rentrent pas tout à fait dans le moules, les qui ont plus d’intelligence manuelle ou pratique, que de capacité à ingurgiter et régurgiter une somme souvent titanesque d’informations diverses et variées.
Cela commence dès la primaire ; quand ce n’est pas en maternelle ; avec la fameuse épreuve de l’écriture. L’élite qui dirigera nos nations est priée de faire grâce et application des plaintes et des déliés tout en soulignant son patronyme en vert, à 1 cm ½ de la marge et la date en bleu à 2 cm de la marge, ou le contraire.
En ce domaine ; essentiel pour le développement de l’intelligence (vous en conviendrez, tu en conviendras Julien) ; le monde enseignant fait preuve d’une inventivité manifeste, quoique fréquemment brimée par une sorte de psychorigidité, bien déroutante pour nos chers têtes blondes non initiées à l’importance capitale de la largeur de la marge et à l’harmonie des couleurs dans la présentation d’une feuille 21 x 29,7 à petits carreaux.
De Mme Claire : prononcer Clerc les enfants, c’est un nom, pas un prénom ! A M. Dumas, prononcer Dumass, je suis du Sud et j’en suis fier ! La machine à formater du meilleur est en place, elle ne s’arrêtera pas avant d’avoir trié, sélectionné, éliminé pour arriver à la crème de la crème.
Celle qui est capable d’inventer et de mettre en application des systèmes à l’efficacité totalement déshumanisé, comme cette fameuse obligation faite aux salariés de France Télécom de changer de postes tous les 2 ou 3 ans avec les conséquences dramatiques que l’on connaît.
Dans ce processus qui voit des élèves brillants, rajouter aux heures normales de cours, des cours particuliers pour briller encore plus, quelle place est faite à la gentillesse, à l’esprit de bonne camaraderie, au temps consacré à l’autre et au respect de la différence ?
Aucune ou presque, ou alors de façon organisée, officielle avec tambours, trompettes, caméscope et larmes à l’œil pour ces chers étudiants qui ont traversé le désert en planche à roulettes, tout en distribuant des stylos 4 couleurs aux enfants démunis. Le tout avec le soutien de la Caisse d’Epargne, maman y est directeur, de l’ordre des médecins, papa en est le Vice-Président, et d’EDF, l’oncle Edouard y est quelque chose. Et puis, c’est un plus sur un CV !
Je le reconnais, cette semaine je ne suis pas très charitable et il est préférable pour un jeune d’avoir une expérience humanitaire, plus tôt que de rester vautré dans son canapé, les yeux fixés sur la ligne bleue de la réussite sociale.
Mais, enfin, ces générations passées par le moule de « nos meilleures institutions qui transmettent savoirs et valeurs afin d’en faire les dirigeants de demain » où sont-elles quant il s’agit très concrètement de prendre la défense de la vendeuse de grande surface qui gagne 800 euros net par mois et refuse de travailler le dimanche pour être avec ses gosses ? Quelles décisions prennent-ils dans leurs instances dirigeantes pour être en cohérence avec la doctrine sociale de l’Eglise, défendue avec tant de vigueur par Jean-Paul II ou Benoît XVI : deux hommes pour qui ils professent le plus grande admiration dans leurs cercles privés ?
Bonne semaine à toutes et à tous et à mardi prochain !