
01 Août Chronique de Joseph Thouvenel du 26 octobre 2015: Le devoir de mémoire conjugué au futur
Chronique de Joseph Thouvenel du 26 octobre 2015
Quel est notre devoir si ce n’est celui de semer ?
Même si, bien souvent, la moisson lève si tard que celui qui a labouré la terre des hommes ne perçoit pas les fruits de son travail.
D’où l’importance de la transmission, ce devoir de mémoire conjugué au futur.
Je viens de recevoir une très belle lettre d’une lectrice de Famille Chrétienne me mettant en copie un courrier de juillet 1940 que son mari ; Paul Marchal ; adressait à mon père.
Paul Marchal et son épouse Kathleen furent arrêtés pour résistance par la Gestapo, incarcérés au Mans, puis à Fresnes.
Kathleen fut libérée après 3 mois d’incarcération, Paul déporté à Buchenwald, puis dans une ancienne mine de sel.
Battu à mort, il décède le 17 janvier 1945 à l’âge de 31 ans.
Quelles furent donc les motivations de cet homme qui alla jusqu’au sacrifice de sa vie ?
Sa lettre nous éclaire. « J’aurai voulu que les catholiques se libèrent des idées préconçues d’un parti et ne se compromettent pas dans des bagarres de quartier, qu’ils apprennent mieux leur catéchisme, réalisent le sens du mot « charité » et, tour à tour, soutiennent les idées de Thorez sur un point, de Maurras sur un autre ! ».
Il ajoutait… « Je reste persuadé que la seule solution, c’est la coopération et non l’autarcie, la rivalité économique, la course aux armements, ou l’application sauvage et bornées des « théories » sur la race et la nation. Le principe des nationalités, à mon sens, a travaillé au rebours du patriotisme. Et je t’assure que je n’ai jamais cessé d’aimer mon pays ! ».
Un livre « Paul Marchal, l’archange du camp de Stassfurt » sous titré : « Un chef scout dans la résistance et la déportation », retrace la vie de ce héros.
Si après la déferlante nazie de 1940, il laisse éclater sa colère : « Dans quelle impasse nous a mis ce gouvernement de pleutres qui a désarmé la France pour la livrer aux nazis ! » – il évoquera « une basse-cour de députés jacassant » – il ne perd jamais espoir, comme en témoignent ses carnets. « Dès maintenant, j’entrevois la tâche à laquelle, si Dieu me donne de vivre après la guerre, j’aurai le devoir de me consacrer. De même que nous devrons lutter de toutes nos forces pour détruire le mal jusque dans ses racines les plus profondes, de même il faudra, après cela, travailler jusqu’à l’épuisement pour rendre au monde l’espoir, le goût de vivre et l’amour ! ».
Merci Madame d’avoir, par delà les décennies, conservé et transmis la flamme ardente d’un idéal qui nous appelle à la transcendance.
Merci Paul, merci Kathleen.