
14 Mar Chronique de Joseph Thouvenel: Élections, quid du chômage?
Chronique de J. THOUVENEL du 14.03.2017 sur Radio Notre Dame (100.7) |
Lire la suite.
Louis Daufresne : Vous abordez aujourd’hui la principale préoccupation sociale des Français : le chômage.
Joseph Thouvenel : En gros, 6 millions de personnes vivant sur notre territoire en âge de travailler sont sans emploi. C’est énorme.
Je dis en gros, pour éviter de sombrer dans les méandres des catégories A, B, C, D, E de Pôle Emploi où les subtilités statistiques des services de l’Etat, pour qui la notion de demandeurs d’emplois n’est pas tout à fait la même que celle du Bureau International du Travail, qui lui-même diffère légèrement des outils de comptage européens.
Remarquerez, que quand sont diffusés les chiffres officiels du chômage dans notre beau pays, celui-ci se rétrécit soudainement à la taille de l’hexagone.
France d’outre-mer « couvrez ces chômeurs que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées ; et cela fait venir de coupables pensées ».
Sortons des tartufferies statistiques et regardons la réalité. Depuis des années, notre société se résigne à ce que des millions de personnes soient sans emploi ou dans des emplois précaires.
L’ambition suprême de nos élus semblant être l’inversion d’une courbe et non le plein emploi.
Louis Daufresne : Nous sommes d’accord Joseph, mais n’est-ce pas la conséquence d’un état-providence, inadapté face à la compétition mondiale ?
Joseph Thouvenel : Quelle est cette providence qui laisse sur le bord de la route des millions de nos concitoyens ?
Posons quelques fondamentaux.
A commencer par la valeur travail. Travailler, c’est participer à l’œuvre commune, tout en se réalisant et assurant son indépendance ; Sans oublier la dimension sociale « travailler, c’est travailler avec les autres et travailler pour les autres », nous rappelle le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise.
Ensuite il y a le respect des droits des travailleurs. Qui ont pour base « la nature de la personne humaine et sa dignité transcendante » nous dit le Compendium. Chacun ayant droit à des conditions de travail décentes comme à une juste rémunération.
A partir de là, nous avons les éléments de réponse à un certain nombre de questions.
– Quelle place faisons-nous au commerce équitable ?
– Quelles sont les bornes de l’économie libérale et de la financiarisation par exemple ?
La réponse à ces interrogations devrait guider toutes nos politiques économiques et nous amener à favoriser, notamment fiscalement, les produits d’importation fabriqués dans le respect des normes fondamentales du droit du travail.
Ou encore, nous devrions considérer que les mères et parfois les pères qui s’arrêtent pour élever leurs enfants, travaillent pour le bien commun, et instaurer un salaire maternel et un accompagnement au retour à l’emploi pour ces parents en fin de congé parental.
Vous remarquerez que curieusement ceux qui prônent le revenu universel pour tous sans contrepartie, s’opposent à un revenu parental qui lui à de nombreuses contreparties pour la société.
Revenir à une mondialisation respectueuse des femmes et des hommes est sans doute le vrai, voir le seul chemin vers le plein emploi.
Et que l’on cesse de nous bassiner avec ces traités européens ou internationaux, qui nous obligeraient, même si c’est bien dommage, à accepter une concurrence furieusement déloyale en matière sociale, fiscale et environnementale.
Parce que mon pauvre Monsieur Daufresne, on ne peut pas faire autrement.
Des textes, fussent-ils internationaux, ne sont gravés dans le marbre que pour ceux qui préfèrent subir plutôt qu’agir !