
13 Déc Chronique de Joseph Thouvenel: Famille ou entreprise le faux choix
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Chronique de J. THOUVENEL du 13.12.2016 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux !
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Louis Daufresne : Vous nous parlez de famille et d’entreprise ce matin.
Joseph Thouvenel : Effectivement Louis, en commençant par une question.
Quand vous êtes assis dans le métro et que vous voyez une femme enceinte debout, que faites-vous ? Bien évidemment, vous ne bougez pas.
Vous appliquez le principe de liberté qui doit commander notre société. Cette citoyenne a décidé d’être mère, elle doit assumer son choix et ne pas en faire supporter les conséquences à son entourage, en l’occurrence nous.
Ce raisonnement vous choque, vous le trouvez vicié ?
Pourtant cette théorie est celle que développe nombre d’économistes et aficionados d’un certain patronat.
Quand Monsieur GATTAZ ; le président du MEDEF ; affirme que ce n’est pas le rôle des entreprises de financer la politique familiale et demande d’augmenter la TVA de 2 points et la CSG d’un point en contrepartie de la suppression de la cotisation famille des entreprises, il oublie quelques évidences.
Louis Daufresne : Lesquelles Joseph ?
Joseph Thouvenel : Tout d’abord, que la famille est le socle de la société. Elle préexiste à l’ensemble de nos institutions et de nos organisations.
La famille, lieu d’accueil et d’amour éduque, apprend les valeurs, le bien-vivre ensemble.
C’est là que sont formés des adultes responsables, capable de donner le meilleur d’eux-mêmes dans leur vie personnelle et professionnelle, et ce pour le plus grand profit de tous, y compris des entreprises.
Une politique familiale dynamique, c’est de la jeunesse, de l’enthousiasme, de l’imagination, de la croissance, toutes choses indispensables aux entreprises.
C’est pour ces raisons qu’au XIXe siècle des patrons sociaux-chrétiens ont d’eux même institués les allocations familiales pour leurs salariés.
Ils avaient compris, ils savaient, ils vivaient l’entreprise comme une communauté humaine qui partage un destin commun.
Louis Daufresne : Ce n’est pas le cas du MEDEF aujourd’hui ?
Joseph Thouvenel : D’abord quand je parle du MEDEF, je ne confonds pas ce syndicat patronal et les chefs d’entreprises, ensuite je n’amalgame pas non plus les instances parisiennes et les MEDEF territoriaux qui, pour beaucoup, en raison de leur proximité avec le terrain ont conservé quelque bon sens, loin des effets de mode de la capitale.
Mais surtout, vouloir décorréler l’entreprise du monde qui l’entoure, pour en faire une entité à part coupée de toute responsabilité, de toute solidarité vis-à-vis de la Nation et des citoyens est une idée destructrice.
Si chacun doit gérer égoïstement ses petites affaires, il ne faut pas demander aux salariés de s’investir à fond dans leur travail.
Non, en bon tenant de l’idéologie ultra-libérale, le salarié va d’abord gérer au mieux sa petite entreprise personnelle ; c’est-à-dire lui-même ; avec le plus d’efficacité possible, en faire le moins tout en essayant d’atteindre un profit maximum.
Cela s’appelle réaliser le meilleur rapport investissement, bénéfice.
Fini loyauté, motivation, engagement au sein d’un projet partagé. Vive l’égocentrisme généralisé.
Chacun pour soi et personne pour tous. Nous ne sommes pas là pour financer les marmots et leur entourage, juste pour engranger un maximum de profits en un minimal de participation à la vie collective.
Une bien belle ambition !