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Courage de Pupitre

Courage de Pupitre

Chronique de J. THOUVENEL du 14.04.2015 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c'est bien ! L'écouter, c'est encore mieux !
bernard-henri-levy.jpgComme beaucoup d’entre vous ; je suis fortement impressionné, voire même parfois subjugué par la profondeur, l’acuité, l’intelligence de nos philosophes officiels.
Tenez, dernièrement je lisais une interview de Bernard-Henri Lévy où celui-ci qualifiait de courageux le : « j’aime l’entreprise »,  lancé par le Premier ministre à la tribune de l’université d’été du MEDEF.
Courage : « fermeté devant le danger, la souffrance », nous dit le petit Robert.
Ce serait donc affronter le danger que de s’exprimer aux beaux jours sur le campus d’HEC devant un parterre de patrons, pour leur dire : «  J’aime l’entreprise » comme on lancerait devant le congrès annuel des boulangers, le torse en avant, le menton levé, le regard fixé sur un horizon lointain : « J’aime le pain ! »

Premier effet de cette révélation philosophique, je prends soudainement conscience, que la bravoure et l’audace sont deux qualités, qui irriguent à l’évidence au quotidien, notre classe politique.
Naïvement je pensais que caresser un auditoire dans le sens du poil était un truc de communicant.
Pas du tout, c’est de l’héroïsme de pupitre, le must chez les intellectuels.

Mais que signifie « J’aime l’entreprise » ou « J’aime l’administration » ou « J’aime l’école » ?
Si c’est affirmer que les entreprises, l’administration ou l’école sont choses utiles et nécessaires.
J’en conviens et j’approuve !
Toutefois le courage consisterait peut-être à affirmer devant une assemblée de fonctionnaires « J’aime l’entreprise » et devant le MEDEF « J’aime l’administration ».

Ce qui aurait peut-être le mérite d’ouvrir un débat sur l’intérêt pour notre pays d’avoir des entreprises dynamiques épaulées par une administration efficace.

On pourrait même affiner le propos, en posant l’entreprise comme un corps intermédiaire, une communauté humaine réunissant, salariés, dirigeants, actionnaires, clients et fournisseurs afin de développer l’activité économique.
L’administration étant l’outil qui permet de réguler les intérêts contradictoires en toute indépendance et ce, dans le souci du bien commun sous l’autorité de l’état.

Ce serait à la fois affirmer le nécessaire équilibre entre la liberté d’entreprendre et l’intérêt général, tout en écartant cette malsaine propension qu’ont beaucoup à opposer privé et public.
Il est vrai que pour Bernard-Henri, ancien Maoïste ayant en son temps célébré la lutte des classes dans nos campagnes et, qui aujourd’hui appelle nos dirigeants à « embrasser la loi du marché », le plus difficile est sans doute de trouver le bon équilibre.

Il faudrait pour cela, qu’il ne tombe pas dans le travers que lui prêtais François Mitterrand, quand il écrivait dans l’abeille et le grain : « Un danger le guette, la mode ! »


À la semaine prochaine !