30 Jan Disparition d’un grand militant européen
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Chronique de J. THOUVENEL du 24.01.2012 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux ! |
Bonjour à toutes et à tous !
Il y a quelques jours, disparaissait brutalement un grand militant européen.
Pas une figure de proue du Parlement, un ponte de la Commission ou un éditorialiste en vue.
Non ! Un militant.
Un de ces hommes qui font les manifs, distribuent des tracts, organise des réunions, tient des permanences.
Un de ces dizaines de milliers d’anonymes qui font de la politique au sens noble du terme. C’est-à-dire qui s’occupe de la vie de la cité, qui s’engage pour des convictions.
Faut-il être bête tout de même ! Ça rapporte quoi de sacrifier une soirée pour rédiger un tract ? De se lever dès potron-minet pour le distribuer ? De passer des nuits à coller des affiches ?
Non seulement ça ne rapporte financièrement rien, mais en plus ça coûte en essence, ou en procès verbal pour affichage sauvage, par exemple.
Parce qu’André, ses engagements n’étaient pas de ceux qui passent au 20 heures, où une blonde peroxydée nous étale, plein écran, son souci de lutter contre la pauvreté et de promouvoir son nouvel album.
Ses convictions, André, il n’avait pas les moyens de les afficher sur des panneaux géants à tous les carrefours. Non ! Lui, c’était les grands moyens des sans moyens : seau de colle et balai. Parce que dans une vraie démocratie commerciale comme la nôtre, l’affichage légal est pour ceux qui paient.
Le pognon d’abord, les idées ensuite, de préférence si il existe, sur le panneau réservé aux associations, derrière les toilettes publiques.
André était Alsacien. La guerre, il en avait des souvenirs d’enfant. Aussi, comme beaucoup de nos amis de l’Est, avait-il à cœur l’éradication du risque de conflit sur notre continent.
Comme il savait que l’injustice et la pauvreté sont le meilleur terreau des conflits futurs, il s’était engagé au sein de la CFTC,
« Bâtir la paix » disait-il.
Et, inlassablement, il défendait la construction européenne.
Pas celle de l’Europe des marchands, pas celle des technocrates. Non ! La vraie, la belle, la seule qui vaille.
Celle qui unit les peuples en respectant leurs cultures, leurs spécificités.
Celle qui nous fait apprécier la musique celtique et les fromages corses.
Celle qui est parsemée de somptueuses cathédrales et de modestes chapelles.
Celle qui fait rimer liberté et responsabilité.
Celle qui affirme haut et fort que l’être humain est matière et esprit.
Celle qui a brisé le joug communiste et qui se défera du Veau d’Or.
Celle qui marie soleil méditerranéen et brumes du Nord.
Celle qui se définit comme un espace de civilisation commun.
Celle que nous aimons et pour laquelle tu t’es battu, André.
De là-haut, veille sur nous et merci pour ton fidèle engagement.
A Dieu André !