03 Sep Hélie de Saint Marc
Le 26 aout, disparaissait Hélie de Saint Marc. Résistant à 19 ans, déporté à Buchenwald, officier putschiste par respect de la parole donné, mais surtout homme libre qui a toujours mis en cohérence ses paroles et ses actes.
Si être militant syndical, c’est s’engager au service des autres et de la cité, l’expérience de vie : « souvent douloureuse » d’Hélie de Saint Marc, son respect profond de l’autre, son sens de l’honneur doivent pouvoir nous aider à mieux accomplir notre tâche. « Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute civilisation. » Hélie de Saint Marc in « les sentinelles du soir ».
Fort heureusement le temps n’est pas dans notre combat pour plus de justice social, celui ou il faut aller jusqu’à donner sa vie. Mais de ceux qui ont eu cet engagement absolue, nous pouvons nous inspirer, pour le meilleur afin d’éviter le pire.
Ci-dessous quelques extrait d’ouvrages d’Hélie De Saint Marc qui vous donnerons peut-être l’envie de le lire :
Les sentinelles du soir : Paraître
« Je me rappelais l’histoire d’un autre homme politique que l’on m’avait rapportée. Traversant un jour, en limousine climatisée, les rues d’un pays particulièrement pauvre, il avait murmuré : « quel bonheur de ne pas faire partie de l’humanité grouillante et misérable ! »
Si j’avais été dans cette voiture, j’aurais ouvert la fenêtre pour laisser entrer l’air saturé de puanteur, car j’ai fait moi aussi partie de l’humanité grouillante et misérable qui se jette sur un chaudron d’eau sale pour calmer sa faim. J’ai avancé sous les coups de brutes et de droits communs reconvertis en kapos. J’ai oublié mon nom à force de souffrir. Mais dans cette misère, j’ai rencontré des êtres humains dont la grandeur était sans doute insoupçonnable à travers le carreau d’une limousine ou dans la dorure d’un bureau ministériel. »
Les sentinelles du soir : lettre à un capitaine
Notre monde est désormais marqué par la quête individuelle et le goût pour le commerce. S’en plaindre ne servirait à rien. La création prodigieuse de richesse et l’accumulation des connaissances techniques sont là pour témoigner de la fécondité de notre époque. Pourtant, sur le registre de la valeur humaine, « se vendre » et « forger son image » sont peut-être les expressions les plus triviales que j’aie entendues.
Vous n’êtes pas à vendre, et j’espère que vous n’achèterez jamais personne. Les cyniques prétendent qu’un incorruptible est tout simplement quelqu’un de très cher. Ils n’ont sans doute jamais fait la guerre ou jamais aimé vraiment, pour apercevoir tout ce qui ne se consume pas dans l’homme, cette part d’intangible, d’irréductible qui résiste à tout et même à l’argent.
QUELQUES VERTUS…
« Que dire a un jeune de 20 ans »
Oui, nous vivons une période difficile
où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
tend à être occultée.
Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
Il faut savoir,
jusqu’au dernier jour,
jusqu’à la dernière heure,
rouler son propre rocher.
La vie est un combat
le métier d’homme est un rude métier.
Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.
Il faut savoir
que rien n’est sûr,
que rien n’est facile,
que rien n’est donné,
que rien n’est gratuit.
Tout se conquiert, tout se mérite.
Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.
Je dirai à mon jeune interlocuteur
que pour ma très modeste part,
je crois que la vie est un don de Dieu
et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît
comme l’absurdité du monde,
une signification à notre existence.
Je lui dirai
qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
cette générosité,
cette noblesse,
cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
qu’il faut savoir découvrir ces étoiles,
qui nous guident où nous sommes plongés
au plus profond de la nuit
et le tremblement sacré des choses invisibles.
Je lui dirai
que tout homme est une exception,
qu’il a sa propre dignité
et qu’il faut savoir respecter cette dignité.