09 Mar Le bonheur de nos enfants ne doit pas faire le malheur d’autres enfants
Face à l’interdiction de prendre en compte la dimension sociale dans l’évaluation des règles de concurrence au sein du commerce mondial, la CFTC pense qu’il est possible de contourner la difficulté et de faire rentrer dans le jeu marchand, le respect des normes fondamentales édictées par l’organisation internationale du travail.
Le moyen : En informant le consommateur qui aujourd’hui n’a pas de véritable libre choix lors de ses achats, puisque faute d’information, il ne peut arbitrer entre prix et respect des salariés et de l’environnement.
La méthode : Un label identifié par une pastille de couleur sur les produits, garantissant à l’acheteur qu’un certain nombre de normes fondamentales ont été respectées, comme par exemple :
– non travail des enfants ;
– salaire décent ;
– système de protection sociale en cas d’accident ou de maladie ;
– système de retraites ;
– liberté syndicale.
A l’image du CIES (Comité Intersyndical de l’Epargne Salariale créé en 2002), une instance dont les contours sont à définir, accorderait son label à des produits et services en fonction d’un cahier des charges clair et précis.
Pour la CFTC, si une frange de 5 à 10 % des consommateurs s’oriente vers les produits et services labellisés dans le cadre de cette « discrimination positive », c’est un véritable marché qui se crée, attirant par là même, les industriels (selon le CREDOC, 44 % des Français tiendraient compte lors de leurs achats, des engagements pris par les entreprises en matière de citoyenneté).
Un produit ou une marque labellisée verra son image fortement revalorisée, ce qui sans aucun doute doit permettre d’intéresser de nombreuses entreprises à ce projet.
La montée en charge de la labellisation pourrait se faire progressivement en ciblant secteur par secteur. Le premier concerné pourrait être celui du jouet, qui en lui-même est porteur d’une valeur symbolique. « Le bonheur de nos enfants ne doit pas faire le malheur d’autres enfants » est une formule qui permet une communication lisible, marquante et compréhensible par tous.
Il paraît probable de recueillir sans trop de difficulté le soutien d’un certain nombre de fabricants de jouets, comme par exemple, ceux du Jura qui en raison du droit social de notre pays, pourraient rapidement être labellisés.
Ce projet, qui vise à rétablir une véritable concurrence non faussée, respectueuse des salariés et de leurs familles, et à permettre le développement du travail décent, source d’une mondialisation harmonieuse au profit de tous, correspond, j’en suis sûr, à la préoccupation que vous avez de trouver un équilibre entre l’économie et le social.
Je me tiens, Madame le Ministre, à votre entière disposition pour approfondir avec vous et vos services les voies et moyens de concrétiser cette idée d’une traçabilité sociale, indispensable pour rééquilibrer la mondialisation au profit du progrès humain et économique.
Veuillez agréer, Madame le Ministre, l’expression de mes respectueux sentiments.
Joseph THOUVENEL
Secrétaire Général Adjoint