01 Oct Le commerce des cimetières
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Chronique de J. THOUVENEL du 29.09.2015 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c'est bien ! L'écouter, c'est encore mieux ! |
Début août, assommés par la chaleur estivale, vous n’avez sans doute pas prêté attention à l’annonce d’un accord politique en vue d’un traité sur le commerce, qualifié par le Ministère des Affaires Etrangères : d’accord « le plus ambitieux jamais conclu avec un pays en développement ».
Du côté du Quai d’Orsay, c’est champagne et ruou trang – cet alcool de riz au serpent mariné.
Pensez donc ! « La France accompagne le développement et l’ouverture de ce pays depuis plus de 20 ans » nous dit le site du Ministère.
Pour le développement, c’est sûr ! Comme dans toute dictature, les oppresseurs au pouvoir et leurs affidés ne manquent pas une occasion de s’enrichir si elle se présente.
La France peut d’ailleurs s’enorgueillir d’être le 2ème donateur bilatéral du Viêt-Nam. Ce qui a notamment permis, il y a quelques années, l’érection d’un buste en hommage à ce doux poète que fut Ho Chi Minh, grâce à un don de la ville de Versailles à une école d’Hanoï.
C’est la directrice de cet établissement qui me le confia avec gourmandise.
Cette femme admirable, lutta courageusement contre l’impérialisme américain au sein des célèbres maquis du quartier Latin à Paris, avant de rejoindre le Viêt-Nam après la victoire communiste.
Sur place, elle eut encore l’énergie d’accéder à un poste à responsabilité au sein du Ministère de l’Education, en prenant le pas sur quelques Bô Dôi ayant eu le tort de suer sang et eau dans la jungle boueuse, plutôt que de faire la roue devant une poignée d’intellectuels, boulevard St Germain.
Joli développement de carrière !
Pour l’ouverture, en ce même mois d’août à l’occasion du 70ème anniversaire de l’indépendance, ce sont 18 298 prisonniers qui furent libérés des geôles vietnamiennes.
Le Vice-ministre à la sécurité publique précisant qu’aucun d’entre eux n’était lié à la sécurité nationale.
Effectivement, on peut trouver parmi les graciés, des violeurs, des meurtriers, des trafiquants de drogue, mais aucun condamné pour « propagande contre l’Etat » ou « tentative de renversement du régime », les deux accusations les plus utilisées contre les opposants.
Ami des droits de l’homme, courageux dissidents, chrétiens persécutés, aujourd’hui ce n’est pas la fin du goulag de bambou que nous célébrons mais « l’accord le plus ambitieux jamais conclu avec un pays en développement ».
Je ne suis pas sûr que le gamin de 20 ans, tombé à Dien Bien Phu au côté de 7800 de ses camarades ; sans compter les milliers de soldats Français, victimes du système concentrationnaire de l’oncle Ho ; soient morts pour que l’on fasse bombance à l’occasion d’un traité commercial.
A la semaine prochaine !