11 Sep Le handicap est-il contagieux ?
Chronique de J. THOUVENEL du 04.09.2012 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux !
On peut légitimement le croire, à voir le luxe de précautions pris pour que les athlètes des jeux paralympiques ne croisent pas les champions qui ont brillé dans les stades londoniens du 27 juillet au 12 août.
17 jours d’écart entre les deux olympiades. Est-ce suffisant pour prendre les mesures sanitaires idoines ?
Peut-être pas !
D’où, principe de précaution oblige, le retour chez eux d’un très grand nombre de journalistes. Plus de 21.000 accrédités pour les valides. Combien pour les infirmes ?
C’est, sans aucun doute, afin d’éviter que nos enfants ne soient atteints par le mal que les sportifs invalides ont la possibilité de tenter d’aller « toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort » en dehors de la période des congés d’étés.
Bras cassés, estropiés, mutilés, dépassez-vous, suez sang et eau, mais pas trop près de nos regards.
Pour vous, l’or olympique se doit de briller qu’au sein de la pénombre.
Des spectateurs ? Oui ! Mais point trop n’en faut !
L’éclairage médiatique ? Oui ! Mais avec modération !
Votre cérémonie d’ouverture, retransmise en direct sur France O, c’est déjà quelque chose. Même si Médiamétrie, qui collecte les taux d’audience, ne publie pas les chiffres de cette chaîne pour cause d’indigence des résultats.
D’après une étude, France O ne dépasserait pas 0,1 % d’audience.
Les éclopés de la vie ne voudraient quand même pas bénéficier d’une retransmission en direct sur TF1 comme les valides ?
Il faut savoir raison et sponsors garder !
Car le sport, c’est bien beau ; le dépassement de soi, même souhaitable ; l’important c’est de participer… Mais il ne faudrait pas oublier le business, le pognon, le fric !
Et des unijambistes, des aveugles, des paralysés, ce n’est pas bon pour l’image des grandes marques qui vendent cher du rêve, souvent fabriqué pour pas cher par les petits enfants du bout du monde.
Une idiote, siliconée, épaisse comme une limande, affublée d’un filet de pêche qui exalte un lave-vaisselle, la crème pâtissière ou le taux d’emprunt pratiqué par votre banquier, oui !
Mais une boiteuse, une déformée, un tremblotant, c’est un coup à voir les ventes s’effondrer !
Les publicitaires veulent bien être inventifs, mais dans la normalité du jour.
Et aujourd’hui, la normalité c’est : place au discours et ne venez pas nous déranger avec vos déglingués !
Veuillez m’excuser, j’ai comme d’habitude mauvais esprit.
La vérité, c’est évidemment que le handicap est contagieux, même à travers un poste de télévision.
A la semaine prochaine.