02 Juin Le Monde – La CFTC réaffirme son attachement à la « morale sociale chrétienne »
LE MONDE | 02.06.2014 à 11h31 | Par Michel Noblecourt
Pour la première fois, le président de la CFTC, Philippe Louis, assistera, mardi 3 juin, aux travaux du 48e congrès de la CFDT à Marseille. Au Monde, il assure réfuter tout lien avec le cinquantième anniversaire du « schisme » où la CFDT et la CFTC se sont séparées : « C’est complètement indépendant de 1964. Depuis quelques années, on a pris l’habitude de voir comment on peut faire avancer les choses ensemble. »
Alors que la CFDT va retirer de ses statuts la référence à l’« humanisme chrétien », M. Louis souligne que la CFTC « se réclame toujours de la morale sociale chrétienne ». « C’est notre boussole, ajoute-t-il. La CFDT avait gardé la référence à l’“humanisme chrétien” en 1964 pour présenter ce congrès comme une évolution et essayer d’éviter la scission. Or, pour ceux qui ont maintenu la CFTC, c’était une rupture. L’abandon de cette référence montre que nous ne sommes plus deux sœurs. Nous, on se réfère au caractère sacré de l’homme. »
La CFTC se retrouve dans le même pôle réformiste que la CFDT, la CFE-CGC et l’UNSA. Elle a signé les mêmes accords que la CFDT, notamment sur le pacte de responsabilité, dont elle critique aussi la lenteur de sa mise en œuvre, en incriminant le patronat.
Pour autant, M. Louis réaffirme ce qui différencie la CFTC : « Notre marque de fabrique, c’est le rapport à l’homme. Il y a des idées qui sont mises en oeuvre aujourd’hui qu’on développe depuis une dizaine d’années. Ainsi des droits attachés à la personne : c’est le statut du travailleur élaboré par la CFTC en 2002. Si d’autres viennent dans le même sens, on travaille ensemble ! »
« INDÉPENDANCE »
Le président de la CFTC assure que sa centrale a « les mêmes relations avec l’Eglise catholique que celles des autres confédérations. Ni plus ni moins. Dans nos statuts, il y a l’indépendance vis-à-vis des partis politiques et des Eglises. Nous ne sommes pas un syndicat d’Eglise ».
La centrale chrétienne se défend d’être un syndicat confessionnel. Pour autant, M. Louis, sensible au discours du pape François, met en avant la singularité de la CFTC : « Nous avons des valeurs dans lesquelles beaucoup de salariés appartenant, ou non, à d’autres religions peuvent se reconnaître. Notre singularité s’affirme par exemple sur la famille. L’homme doit pouvoir vivre non pas de la solidarité, mais de sa force de travail. C’est la raison pour laquelle on estime que l’entreprise a la responsabilité de faire vivre la famille de son salarié, à travers le paiement des cotisations familiales. »
Même si le syndicalisme français est faible et divisé, M. Louis exclut un « 1964 à l’envers » et une réunification avec la CFDT : « Le pluralisme syndical est une richesse. Le syndicat unique, ce n’est pas le but de la CFTC. Avec les nouvelles règles de représentativité, on voit bien qu’on ne va pas vers une explosion du nombre de syndicats. Entre 1964 et aujourd’hui, on est passé d’à peine 50 000 à 140 000 adhérents, cela montre bien que des salariés s’y reconnaissent. »