CFTC Paris | Chronique de Joseph Thouvenel: Le référendum d’entreprise ou la démocratie pour les nuls
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Chronique de Joseph Thouvenel: Le référendum d’entreprise ou la démocratie pour les nuls

Chronique de Joseph Thouvenel: Le référendum d’entreprise ou la démocratie pour les nuls

Chronique de J. THOUVENEL du 18.10.2016 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c’e
st bien ! L’écouter, c’est encore mieux !

 

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Louis Daufresne : Vous allez nous parler aujourd’hui, du  référendum d’entreprise.

Joseph Thouvenel : A l’approche des élections présidentielles, la boite aux idées simplistes, voire simplettes fait son grand retour au sein de la classe politique.

Le débat minuté des 7 candidats aux primaires de la droite en fut un bel exemple. A l’exception de Jean-Frédéric Poisson, ce fut haro sur les syndicats.

Pour contourner ce funeste corps intermédiaire, une solution géniale semble se détacher du lot : le référendum d’entreprise.

Louis Daufresne : vous ne pensez pas que c’est une bonne solution pour éviter les blocages idéologiques de certaines organisations ?

Joseph Thouvenel : Tout d’abord Louis, merci pour cette précision « certaines organisations ». Car il n’aura échappé à aucun observateur moyennement informé qu’il existe différents syndicats dans notre pays dont 5 organisations représentatives au niveau national.

Les amalgamer en un groupement unique s’apparente à de la mauvaise foi crasse, ou à une sévère méconnaissance de la chose sociale, voire à une confusion intellectuelle, inquiétante de la part de personnes prétendant gouverner le pays.

Louis Daufresne : Vous n’êtes pas un peu sévère, voir injuste dans votre analyse.

Joseph Thouvenel : Franchement Louis, fondre en une même entité ceux qui se référent  à la doctrine sociale de l’Eglise et ceux qui ne jurent que par la lutte des classes, c’est confondre Charles de Gaulle et Georges Marchais.

Excusez-moi, mais il faut sortir de l’ENA pour ne pas faire la différence entre les deux.

Mais revenons à cette martingale sociale que serait le référendum d’entreprise. L’argument principal étant : Donnons directement la parole aux salariés et soyons au plus proche du terrain.

Louis Daufresne : N’est-ce pas une bonne chose Joseph ?

Joseph Thouvenel : D’abord l’entreprise n’est pas le lieu privilégié de la démocratie. Si ce devait être le cas, commençons par l’élection du chef d’entreprise. Ensuite si le référendum est la solution à une bonne gouvernance sociale, il faut aller au bout de la logique.

J’attends avec impatience les résultats des référendums sur les augmentations de salaires.

D’ailleurs si c’est la solution pour une bonne gouvernance tout court, que les politiques commencent par l’appliquer dans leur champ de responsabilité directe.

Vive le référendum communal, que chaque municipalité puisse par appel au peuple décider de ses propres lois, voilà une grande avancée démocratique proche du terrain.

Dans les rues du Mans, l’on pourra enfin rouler à 170 km/h alors qu’adepte du déplacement en brouette, les habitants d’un bourg limitrophe déciderons d’un maximum de 8 km/h.

Louis Daufresne : Vous ne poussez pas un peu trop le trait ?

Joseph Thouvenel : Absolument, mais c’est pour faire comprendre l’aberration d’un tel système, qui ouvre tout grand les vannes à une concurrence déloyale où le grand vainqueur sera le moins disant social, c’est-à-dire le moins disant humain.

C’est pour éviter ce risque majeur d’implosion économique et social qu’il nous faut un cadre collectif, des règles qui s’appliquent à tous.

Avec les souplesses nécessaires que doivent pouvoir négocier les branches professionnelles qui connaissent les spécificités de leurs métiers. A elles de décider si dans tel cadre précis, la négociation d’entreprise est le bon outil.

Sur ce point comme sur d’autres,  je suis en plein accord avec François Asselin le président de la CGPME, la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises.

Il est quand même révélateur que sur 7 candidats à la primaire de la droite, le seul qui en matière sociale tienne le même langage que nous est le seul à avoir une véritable expérience de l’entreprise et du dialogue social.