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LES PRIX BAS : A QUEL PRIX SOCIAL ?

LES PRIX BAS : A QUEL PRIX SOCIAL ?

Chronique de J. THOUVENEL du 08.01.2013 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux !

 

C’est un village de vacances joliment situé au cœur d’une vallée rupestre.

Une trentaine de bungalows tout équipés sont disséminés  sous les pins. Outre le charme de l’endroit, avec vue imprenable sur un splendide cirque alpin, vous pouvez profiter de multiples activités : ballade en raquettes, aquagym dans le bassin chauffé, soirées dansantes et, bien entendu, accès direct aux pistes d’un magnifique domaine skiable.

 

Tout est volupté au service des vacanciers.

 

Champion d’Internet, vous avez bénéficiez de cette super promotion moins 30% sur le séjour famille, qui vaut bien les 40% de réduction obtenus par le comité d’entreprise de votre voisin.

 

Comme tous les samedis, Suzette, Madeleine, Aïcha et Maria sont sur le pied de guerre, dès qu’un bungalow se libère, elles l’investissement avec aspirateur, serpillière, lingette, détergent, raclette, chiffons et draps propres.

Tout y passe, la douche, les toilettes, les vitres, le micro-onde, le réfrigérateur.

 

Gérard, le gérant ne les lâche pas d’une semelle : « Il reste des cheveux dans l’évacuation de la douche du 15. Traces de doigts sur le miroir du 8. Plus vite, mesdames, plus vite. Qui a fait le 24 ? La robinetterie de l’évier ne brille pas ! Etc.

 

Maria, Aïcha, Madeleine et Suzette frottent, frottent toujours plus fort, toujours plus vite malgré les courbatures, malgré les crampes.

Si elles veulent garder leur place, il faut tenir le rythme, au maximum 10 minutes par bungalow.

 

A la fin du mois, elles percevront 125.28 euros net pour ce travail harassant effectué tous les samedis. Pardon 129.28 euros net depuis que le 1er janvier, 2 centimes d’euros d’augmentation ont été donnés pour le salaire minimum.

 

A ce revenu, Suzette et Maria rajoutent les 2h00 quotidiennes pour faire les chambres de l’Hôtel BELLEVUE ; Aïcha le service à la cantine du collège 1h30 par jour hors vacances scolaires ; depuis la fermeture de l’usine d’assemblage de la vallée, Madeleine recherche toujours un deuxième travail.

 

La faiblesse de leur rémunération 7,39 Euros de l’heure pour une tâche épuisante, est-elle due à la concurrence chinoise ?

 

Que nenni, le village de neige des Cyprès n’est pas près d’être délocalisé en Chine !

 

Non, simplement, la recherche systématique du prix le plus bas par beaucoup au détriment de la valeur « travail », alimente une spirale suicidaire vers le moins disant social dont à la fin nous serons tous victimes.

 

La notion de « juste prix » développé dès le Moyen-Âge par Saint Thomas d’Aquin est toujours d’actualité.

Si personne ne va reprocher au plus pauvre de rechercher le moins cher, tout le monde n’est pas le plus pauvre.

Quant nous-même, achetons un produit ou un service, nous posons-nous la question de savoir si nous le payons suffisamment pour que ceux qui le fabriquent ou le fournissent soient correctement rémunérés ?

  

 

A la semaine prochaine