CFTC Paris | L’insécurité est-elle un sentiment ?
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L’insécurité est-elle un sentiment ?

L’insécurité est-elle un sentiment ?

Chronique de J. THOUVENEL du 29.12.2015 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c'est bien ! L'écouter, c'est encore mieux !

insecurite.jpgBonjour à toutes et à tous,

En cette période de vœux, je vais me permettre d’en formuler un pour cette année 2016.

Que les commentateurs officiels, c’est-à-dire la petite minorité qui occupe de façon récurrente les plateaux télé pour faire l’éducation du bon peuple, regarde les choses en face et ose parler de la réalité plutôt que de ce qu’ils voudraient qu’elle fût.

Prenons l’exemple d’un quidam de banlieue habitant une zone pavillonnaire comme il en existe des milliers dans notre pays.

Que constate-t-il ?

Qu’en quelques décennies, nous sommes passés de la porte de la maison toujours ouverte et au vélo du gamin négligemment posé le long du trottoir, à un logis fermé à double tour, voire équipé d’alarmes et à des bicyclettes munies de cadenas et d’antivols.

Du côté des campagnes, ce sont les engins agricoles qui disparaissent des champs, voire tout simplement les récoltes qui sont pillées en une nuit.

Dans notre belle capitale, les touristes sont les cibles privilégiées des pickpockets, pendant que des bandes trafiquent sans trop se cacher à proximité des établissements scolaires.

Sans parler du couvre-feu de fait, dans les transports pour les femmes seules. Au vu du nombre d’atteintes aux personnes, violences, agressions et viols, on comprend cette prudence.

Ne croyez pas que je sois un obsédé de la sécurité et que je voie des malfrats derrière chaque buisson.

Pas du tout, je constate simplement un véritable déni, concernant des faits graves appelés crimes ou délits.

Les victimes de ces brigandages restent souvent marquées pendant des mois, voire à vie, physiquement et psychologiquement par ce qu’ils ont subi.

Alors quand j’entends répéter en boucle la formule : « sentiment d’insécurité », je sors mon dictionnaire.
J’y apprends la signification de « sentiment ». C’est « une conscience plus ou moins claire », une « connaissance comportant des éléments affectifs et intuitifs ». C’est également « un jugement, une opinion qui se fonde sur une appréciation subjective, et non sur un raisonnement logique ». Ou alors « un état affectif complexe, assez stable et durable, lié à des représentations ».

Ce qui faisait écrire à Jean GIRAUDOUX : « Ces sentiments purs qui assurent l’intégrité des êtres et des cités, l’estime, le mépris, l’indignation, l’admiration ».

Nous sommes bien loin, voire à l’opposé de ce que représente la réalité de l’insécurité dans notre pays.

Insécurité qui touche plus en nombre et en conséquences matérielles les milieux populaires, ceux dont est si éloignée la classe médiatique dirigeante.

Je ne sais si c’est l’indifférence qui l’emporte sur le mépris chez les adeptes du « sentiment d’insécurité », mais quand, au siège d’un syndicat de magistrats, l’inhumanité vis-à-vis des victimes va jusqu’à afficher sur un mur dit des « cons » la photo du malheureux père d’une jeune fille assassinée de 14 coups de couteau, dans le RER D…

Je sais ce qu’est l’insécurité.

Je sais aussi ce qu’est le manque de sentiments.

À la semaine prochaine !