24 Mai Lu sur Libération le 22 mai 2013
Repos dominical : le PS veut bricoler la loi
Les syndicats des magasins de bricolage s’opposent à une éventuelle ouverture le dimanche.
Ostracisme imposé par la loi, selon ses opposants : les magasins de bricolage ne peuvent pas ouvrir le dimanche, à moins d’une autorisation préfectorale, alors que ceux de l’ameublement et du jardinage en ont le droit, sous certaines conditions. C’est cette injustice qui a motivé la lettre au ministre du Travail d’une poignée de députés socialistes d’Ile-de-France (dont Olivier Faure, élu de Seine-et-Marne, Bruno Le Roux, élu de Seine-Saint-Denis, avec le soutien du président de l’Assemblée, Claude Bartolone) le 25 avril. Objet : «Mettre fin à l’incohérence juridique concernant l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche.»
La CFTC, très attachée au principe du repos dominical, a riposté hier : «C’est étonnant de voir des députés qui se disent socialistes soutenir des délinquants économiques», avance Joseph Thouvenel, son vice-président. Et de souligner que le rôle des politiques est d’abord de faire respecter les lois républicaines sur tout le territoire. Même si elles datent de l’ancienne majorité et qu’elles sont mal faites. «On ne demande pas la généralisation de l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche, a précisé Olivier Faure, qui fait valoir que cette activité génère plus de 1 200 emplois directs. Mais que ceux qui ouvrent actuellement, aux côtés de jardineries ou de magasins de meubles, puissent continuer à le faire, en particulier pour tenir compte des rythmes de vie en Ile-de-France.»
«Complaisance». Chez FO, on a le souvenir, au moment du débat sur la loi Mallié de 2009 (permettant à certains magasins d’ouvrir suivant leur situation géographique), que les mêmes élus socialistes s’y étaient opposés. «Cela prouve que cette loi est imbécile et inapplicable parce qu’elle crée des frontières», souligne également Françoise Nicoletta, de la fédération du Commerce FO. Ce syndicat est la bête noire des enseignes à velléité dominicale. Depuis quelques années, il a multiplié les procédures contre les magasins de bricolage ouvrant le dimanche et contre les fameuses autorisations préfectorales de «complaisance».
«Les réglementations préfectorales sont attaquables et suspensives, répond-on du côté du Collectif des «bricoleurs du dimanche», issu de 47 magasins Leroy Merlin et Castorama d’Ile-de-France. C’est comme ça que Castorama Villetaneuse est fermé depuis un mois.» Entendre : fermé le dimanche. Du coup, ce collectif de salariés assez inédit, puisqu’il se promeut via une agence de com et est financé par ses directions, a battu le pavé à deux reprises. Ils étaient un millier la semaine dernière à demander qu’on rajoute le mot «bricolage» à l’article R 3132-5 du code du travail. Une pétition a été déposée à cette occasion au ministère du Travail, lequel ne prévoit pas, pour l’heure, de rajouter un mot à la loi.
Par FRÉDÉRIQUE ROUSSEL- libération du mercredi 22 mai 2013