05 Jan Nouvelle barbarie
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Chronique de J. THOUVENEL du 16.12.2014 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux ! |
C’est la cohue, c’est la ruée, ce dimanche. Moins 20 % sur tous les jouets, plus 10 € en bon d’achat pour les heureux titulaires de la carte de fidélité de l’hyper-marché.
Les radios nous l’ont seriné en boucle, des pages entières de publicité dans les journaux nous l’ont rappelé : il est venu le temps de l’hyper consommation, c’est la fête au tiroir caisse.
Peuple à genoux, le Veau d’Or brille de tout son éclat.
Emmené par les nouvelles ligues de vertus les quelques signes rappelant la Nativité chrétienne sont systématiquement pourchassés.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes matérialistes.
Isabelle, elle, n’a pas le cœur à la fête, en semaine, le magasin où elle travaille ferme à 22h00 ; le temps de faire la caisse, prendre métro et RER et c’est rarement avant 23h30 qu’elle est à la maison.
De ses enfants, elle ne verra que quelques mèches de cheveux dépassant de la couette. Jonas l’aîné, bientôt 7 ans, se sera endormi comme tous les soirs, avec son épée de bois serrée contre lui.
Tant que sa mère n’est pas rentrée c’est lui le chef de famille, le responsable de la sécurité du logis et de sa petite sœur Clara.
Tous les soirs à 20h00, la nounou du 4ème les raccompagne jusqu’à leur appartement, ouvre la porte, vérifie que celle-ci est bien fermée et laisse ces orphelins économiques dans la solitude de ces soirées à deux.
Madame CLERC, l’institutrice, l’a bien noté dans le livret.
« Jonas est visiblement plus intéressé par les séries télévisées que par ses devoirs et ses leçons. »
Sans aucun doute chère Madame, mais tant que vous-même, et vos semblables trouveront, « si pratique » d’arpenter les allées des grandes surfaces jusqu’à pas d’heure, des milliers de Jonas, des milliers de Clara resteront livrés à eux-mêmes dans l’isolement de nos cités sans âme.
Dans les diners en ville, de bons bourgeois, bien nourris aux grains, caquettent et caquettent encore, sur ces fainéants qui ne veulent point travailler le dimanche et ces improbables touristes qui rêveraient d’arpenter le rayon surgelé de nos hyper-marchés le 7 ème jour. Et Isabelle de penser avec angoisse, à ces dimanches perdus loin de ses enfants.
Mais cela compte si peu, les affres d’une mère et la désespérance de nos loupiots, face à la cupidité de quelques puissants et à l’égoïsme de beaucoup.
Il s’agit, de pas grand-chose, juste de petites gens et de leurs enfants, que nous livrons en sacrifice sur l’autel du Dieu profit, renforçant cette moderne barbarie qui condamne une mère à choisir entre travaux forcés et paiement du loyer.
À la semaine prochaine !