12 Juin Polémique – suite à l’interview de J. Thouvenel sur Europe 1
Ci-dessous courrier d’un auditeur et la réponse de Joseph Thouvenel.
Bonjour, |
Monsieur, J’ai bien pris connaissance de votre réaction suite à mon interview sur Je vous invite à réécouter l’intégralité de l’enregistrement sur le site cftc-paris.fr à la date du 7 juin 2012. Vous pourrez constater que je parle de journée de travail forcé, ce qui indéniablement est le cas quand on vous oblige à travailler une journée sans être payé. Tout refus pouvant être considéré comme une faute professionnelle. La CFTC reste attachée à l’adage de bon sens : tout travail mérite salaire. Nous dénonçons également cette injustice qui veut que l’on impose une corvée (travail gratuit que les serfs, les roturiers devaient au seigneur selon le La CFTC considère que la prise en charge de la dépendance nécessite un effort de tous, effort qui doit être équitablement réparti en fonction des possibilités financières de chacun. Cela s’appelle la justice ! Le terme lui-même de «journée de solidarité » est un choix de manipulation des esprits. D’abord la solidarité ne se décrète pas, c’est une valeur morale que toute personne doit pouvoir exercer en conscience. Dans la réalité, la mesure que nous combattons est une taxe de 0,3 % sur les salaires. Celle-ci est prélevée mensuellement comme tout salarié peut le vérifier sur sa fiche de paie à la ligne : URSSAF contribution solidarité autonomie. En conséquence, que je travaille gratuitement un jour de plus ou de moins dans l’année ne retire ou n’enlève pas un euro au financement de la dépendance, sauf à me démontrer qu’un gain de 0 € multiplié par 0,3 % égale autre chose que 0 €. Concernant le terme d’esclavage, défini notamment par le L’autorité de ceux qui vous obligent à travailler sans salaire sous peine de sanctions, pouvant aller jusqu’au licenciement, n’est-elle pas une « contrainte impérieuse et pénible, à quoi on ne peut se dérober » comme le précise une des définitions du mot tyrannique dans le Vous noterez en réécoutant l’interview diffusée par Ce qui m’amène à vous poser les questions suivantes : si l’on accepte le principe d’une journée de travail gratuit, pourquoi pas deux, trois, une semaine, un mois ? Où est la limite ? Qui décide du curseur ? Sur quels critères ? Que deviennent les travailleurs pauvres ? (Ces personnes qui travaillent mais dont le salaire ne leur permet pas de boucler les fins de mois ?) Je crois, Monsieur, qu’entraîné par un juste réflexe -préférer le développement de la solidarité au repli égoïste- vous êtes tombé dans le piège tendu par les professionnels de la communication qui, pour faire passer une nouvelle taxe sur les salaires et raboter les 35 heures sans avoir le courage de le dire, ont inventé cette fiction dite « journée de solidarité ». Vous êtes catholique, écrivez-vous, alors permettez-moi de vous conseiller la lecture du Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise et plus particulièrement du titre 5 du chapitre 6 sur le travail humain, où il est notamment écrit : « Le juste salaire est le fruit légitime du travail, celui qui le refuse ou ne le donne pas en temps voulu et en juste proportion par rapport au travail accompli commet une grave injustice. » Vous l’avez compris, pour la CFTC, c’est à partir de la rémunération perçue et en fonction des facultés contributives de chacun que le financement des besoins de la nation est légitime et non pas en imposant l’obligation de travailler sans être rémunéré. Deux exemples devraient, je crois, vous permettre de mieux comprendre notre position. Issu d’une famille de 7 enfants, je sais que l’impact de la perte d’une journée de salaire n’est pas le même quand j’ai 7 bouches à nourrir ou aucune. Quel sens économique y a-t-il à forcer des salariés à travailler une journée de plus, quand ils sont régulièrement en chômage technique comme dans l’automobile ? En espérant, si ce n’est vous avoir convaincu, vous avoir permis de considérer avec un autre regard la position de bon sens de la CFTC et ne pas vous faire regretter de ne pas avoir « avalé » votre « acte de baptême », veuillez agréer, Monsieur, mes sentiments les meilleurs.
Joseph Thouvenel Vice-président |