CFTC Paris | Recueillement sur la tombe de Fréderic Ozanam
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Recueillement sur la tombe de Fréderic Ozanam

Recueillement sur la tombe de Fréderic Ozanam

A l’initiative de la section CFTC du Parlement et de la CFTC-Paris, un groupe de militant est allé se recueillir sur la tombe du bienheureux Frédéric Ozanam des grandes figures des catholiques sociaux du XIXe siècle.

Fils d’un médecin qui était aussi un ancien officier de cavalerie, Frédéric Ozanam fit des études brillantes au collège royal de Lyon. S’il eut une période de doute religieux, son professeur de philosophie, l’abbé Noirot, y mit fin : [Il] mit dans mes pensées l’ordre et la lumière, je crus désormais d’une foi rassurée et, touché d’un bienfait si rare, je promis à Dieu de vouer mes jours au service de la vérité qui me donnait la paix.

A l’âge de 18 ans, au lendemain des émeutes ouvrières de 1831, il publia dans Le précurseur des « réflexions sur la doctrine de Saint-Simon ». Cet article lui valut les éloges, excusez du peu, de Chateaubriand, Lamartine et Tocqueville.

Etudiant, il fut heurté par les attaques du milieu universitaire contre l’Eglise. Il n’hésita pas à protester à la fin des cours, quand des professeurs rationalistes ont dénigré le christianisme.

Participant à la « conférence d’histoire » fondée par Emmanuel Bailly, où étudiants catholiques et incroyants débattaient de sujets les plus divers, il fut frappé par la critique d’un de ses condisciples : « Le christianisme a fait autrefois des prodiges, mais aujourd’hui il est mort. Vous vous vantez d’être catholiques, que faites-vous ? où sont les œuvres qui démontrent votre foi et qui peuvent nous la faire respecter et admettre ? ».

Cette remarque le détermina à passer à l’action en venant en aide aux plus démunis avec quelques amis étudiants, paroissiens de Saint-Étienne-du-Mont, il fonda en 1833 la Conférence de la charité qui deviendra la société de Saint-Vincent-de-Paul[1].

Il justifiait son action par la réflexion suivante : « la question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous est une question sociale. C’est la lutte de ceux qui n’ont rien et de ceux qui ont trop. C’est le choc violent de l’opulence et de la pauvreté qui fait trembler le sol sous nos pas[2]. »

En 1836, préoccupé par la misère ouvrière il écrivit à son ami peintre et poète Louis Janmot : La question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous n’est ni une question de personnes ni une question de formes politiques, c’est une question sociale. C’est de savoir ce qui l’emporterait de l’esprit d’égoïsme ou de l’esprit de sacrifice, si la société ne sera qu’une grande exploitation au profit des plus forts, ou une consécration de chacun au service de tous. Il y a beaucoup d’hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore ; il y en a beaucoup plus d’autres qui n’ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne rien. Entre ces deux classes d’hommes une lutte se prépare et elle menace d’être terrible : d’un côté la puissance de l’or, de l’autre la puissance du désespoir.

Le pape Jean-Paul II a proclamé Frédéric Ozanam « bienheureux » le 22 août 1997, en la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse. Le Saint-Père devait affirmer : « on peut voir en Frédéric Ozanam un précurseur de doctrine sociale de l’Eglise, que le pape Léon XIII développera quelques années plus tard dans l’encyclique Rerum Novarum. »

  Raccompagnant le pape, Lionel Jospin, alors Premier ministre, déclara :  Le grand rassemblement que vous avez suscité en France aura permis aux jeunes étrangers de mieux connaître les valeurs dont notre pays se veut porteur parmi les nations. Ces valeurs ont été incarnées par un homme remarquable, Frédéric Ozanam, que vous avez choisi de distinguer publiquement à Notre-Dame de Paris. Agrégé et docteur de l’université française, professeur à la Sorbonne, journaliste, le créateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul a contribué efficacement à la réconciliation de l’Eglise et de la République. Il a ainsi favorisé l’émergence d’une conception française de la laïcité, respectueuse de la liberté religieuse, expression de la liberté de conscience. Cet homme à la fois lucide et passionné ne pouvait rester insensible à la misère et à l’injustice sociale. Même s’il ne fut pas pleinement reçu en son temps, son message a une résonnance durable.

[1] Aujourd’hui en France, la société de Saint Vincent de Paul compte 17000 bénévoles répartis en 1000 équipes locales, effectuant 3 millions d’heures de bénévolat par an, principalement par des visites à domicile auprès de personnes seules, de l’aide alimentaire ou matérielle, des cours et ateliers, des maraudes auprès des sans-abri. Loin du tintamarre médiatique, les actions de la société sont simples et discrètes, répondant à un besoin local.

[1] D’après Frédéric Brémard, Histoire de la famille Ozanam, 1972.

Extrait de CFTC, 100 ans de syndicalisme chrétien et après ?

De Joseph Thouvenel – Editions Pierre Téqui