CFTC Paris | revenu de base: une fausse bonne idée ?
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revenu de base: une fausse bonne idée ?

revenu de base: une fausse bonne idée ?

Chronique de J. THOUVENEL du 20.09.2016 sur Radio Notre Dame (100.7)
Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux!


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Louis Daufresne : « Récemment le Conseil National du Numérique a relancé l’idée du revenu de base, d’après vous Joseph une bonne ou une mauvaise idée ? »

Joseph Thouvenel : « à priori Louis, le revenu de base dit revenu universel est une belle idée. Pour ses partisans, il s’agit d’une allocation universelle et inconditionnelle versée à tous en se substituant aux dispositifs sociaux existants.

S’agit-il d’un rêve qui prendra un jour consistance ou d’une utopie inatteignable, voire d’une fâcheuse chimère ?

Tout d’abord, n’oublions pas que toute personne née ou vivant en France bénéficie du travail, du labeur, parfois du sacrifice, des générations précédentes. Nos infrastructures, nos services publics, notre système de santé, nos monuments, la façon dont sont harmonieusement modelés nos paysages, notre art de vivre font de nous de riches héritiers.

C’est indirectement bien plus qu’un revenu de base.

Mais évoquer une allocation sonnante et trébuchante sans faire de lien avec le travail, me semble dangereux.

Dangereux sur le plan des principes, dangereux sur le plan matériel. »

Louis Daufresne : « Mais à quels principes vous référez vous ? »

Joseph Thouvenel : « Tout simplement aux principes sociaux chrétiens pour qui le travail, c’est la participation à l’œuvre commune.

Par le travail, chacun se réalise, devient co-créateur. La société doit donc s’organiser de façon à ce que chacun est un emploi, gage d’autonomie et de dignité.

L’objectif étant évidemment le plein emploi et non l’inversion d’une courbe.

De la même façon, droits et devoirs se conjuguent : Plus j’ai de droits, plus j’ai des devoirs.

Et c’est là où le bât blesse !

Verser un revenu sans contrepartie, c’est ouvrir un droit sans lui associer de devoir.

C’est également à mes yeux dévaloriser la valeur travail. Que j’œuvre ou que je fainéante tel le lézard au soleil, l’Etat me verse mensuellement un pécule.

Si celui-ci est trop faible, il ne sert à rien ; s’il est élevé, pourquoi aller travailler ?

Voilà pour les principes généraux. »

Louis Daufresne : « Au-delà des grands principes, ne se pose-t-il pas un certain nombre de questions bien concrètes ? »

Joseph Thouvenel : « Ce sont des tombereaux de questions pratico-pratiques qui se posent. Par exemple : « à partir de quel âge, verser ce revenu de base ? Faut-il le réserver aux nationaux ou à toute personne sur le territoire ? ».

« Une personne ayant fait toute sa carrière à l’étranger sans jamais cotiser en France, peut-elle en bénéficier au moment de la retraite ? », etc.

Car évidemment, tout cela à un coût. Qui paiera et comment ? »

Louis Daufresne : « Pour ses partisans, ce nouveau système se substituera à toutes les aides existantes avec en plus l’avantage de la simplicité. »

Joseph Thouvenel : « Belle théorie, mais selon les calculs du Conseil National du Numérique, le transfert de l’ensemble des budgets sociaux – aides au logement, bourses étudiantes, allocations familiales, minimas sociaux, etc. – permettrait de verser mensuellement 200€ par adulte et 60€ par enfant.

En clair, un saupoudrage de la pauvreté. Pas vraiment ma tasse de thé !

Mieux vaut revaloriser le travail et accompagner concrètement et efficacement ceux qui en sont privé, notamment via des formations qualifiantes, que semer à tous vents l’argent de la collectivité. »