CFTC Paris | Sidaction : enquête de Libération par Willy LE DEVIN
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Sidaction : enquête de Libération par Willy LE DEVIN

Sidaction : enquête de Libération par Willy LE DEVIN

Souffrance

Redoutant un suicide, les instances représentatives du personnel décident, fin 2010, de commander une expertise sur la souffrance des salariés. «Nous en avions marre de voir la direction se réfugier dans le déni», clame Gilles Gathellier. Après plusieurs mois d’enquête, les rapporteurs du CEDAET, organisme agréé par le ministère du Travail, rendent un document accablant (à consulter sur le site de libération). Et somment la direction de Sidaction de faire des efforts immédiats.

Tous pensent une nouvelle fois que les choses vont évoluer. Mais, là encore, l’inverse se produit. Les pontes de l’association refusent de reconnaître les conclusions du CEDAET. Pierre Bergé dit même ceci: «Je peux commander et payer un rapport qui dira tout le contraire.» Le 12 octobre, lors du conseil d’administration (CA) de l’association, il va encore plus loin: «Les arrêts maladie sont des arrêts de complaisances, n’importe quel médecin peut en établir un!» La phrase, rapportée devant plusieurs salariés qui avaient débrayé pour faire entendre leur colère, fait l’effet d’une bombe. Selon plusieurs personnes présentes, le CA, qui se tient au Bel-Ami, un hôtel luxueux de Saint-Germain-des-Prés, se termine de façon extrêmement houleuse.

Contacté par Libération, François Dupré, directeur général de Sidaction, affirme pourtant «qu’il est tout à fait d’accord pour mettre en place la structuration nécessaire à un meilleur fonctionnement de la structure. C’est à l’ordre du jour de la prochaine réunion du CHSCT».

Deux licenciements et trois démissions

Toujours est-il que, sur les quatre derniers mois, il y a eu deux licenciements et trois démissions. Et «nombreux sont ceux qui démarchent ailleurs pour quitter le navire», affirme Michel Maietta, délégué syndical CFTC. Début décembre, le CE a voté – contre l’avis de son président François Dupré – la mise en place d’une aide juridictionnelle pour les salariés en souffrance souhaitant des conseils précis quant à leur situation. Furieux, Dupré a assigné en retour le CE pour obtenir la suspension de la décision.

Dernier épisode, fin décembre, le Spaif ainsi que Michel Maietta ont assigné à leur tour Sidaction pour «discrimination syndicale». «Les pontes de Sidaction considèrent l’activité syndicale comme un chancre à éliminer. En s’acharnant sur Michel Maietta parce qu’il porte les revendications du personnel, ils ne portent pas atteinte uniquement à sa personne, mais à l’intérêt collectif de l’ensemble des salariés de l’association. Ceux-ci montrent pourtant, malgré la tempête, une vraie compétence dans leurs tâches quotidiennes», tempête Marie-Laure Olmeta, fondatrice du Spaif et conseillère prud’homale.

Une procédure qui pourrait bien faire des petits: actuellement, le Spaif inventorie toutes les entraves et les entorses au droit du travail afin de déclencher une nouvelle assignation. «Et ce sont de nombreux articles du code qui sont bafoués quotidiennement», décoche Joseph Thouvenel, de la CFTC.