
19 Sep Une presse vraiment sexiste, la presse féminine.
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Chronique de J. THOUVENEL du 13.09.2016 sur Radio Notre Dame (100.7) Lire la chronique, c’est bien ! L’écouter, c’est encore mieux ! |
Louis Daufresne : « Vous vous êtes intéressé aujourd’hui à une presse spécialisée, qui ne s’adresse pas particulièrement à vous, c’est la presse féminine. »
Joseph Thouvenel : « Effectivement, Louis, depuis le temps que j’en rêvais, le lancement de la campagne gouvernementale « sexisme, pas notre genre » m’a fait franchir le pas.
C’est avec délice que je me suis plongé dans la presse dite féminine, celle de la femme moderne, libérée, pleinement dans son époque.
Ce qui est pratique dans ces magazines, c’est leur côté interchangeable.
Tous sur le même modèle. Entre quatre pages de publicité et deux de promotion de colifichets, des articles de fond, enfin qui touchent le fond.
Concernant les fanfreluches il y a du lourd comme ces pierres semi-précieuses « qu’on dirait trouvées sur le sable » à partir de 110 € ou « ce bracelet pour le karma » parce que « collectionner les talismans est devenu notre obsession » à partir de 2450€. »
Louis Daufresne : « Tout de même. »
Joseph Thouvenel : « Si cela vous semble un peu cher, vous changerez d’avis quand vous saurez que cette babiole s’inspire du chiffre fétiche chinois et du signe de l’infini.
Sans doute une référence indirecte aux contemplations du vieil Hugo : « Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un » et pour vous dire des choses, on nous en dit sur papier glacé.
On apprend que le truc beauté de Mélanie Laurent c’est les sourcils, que JAC « top polonaise » adore s’aérer la tête en allant voir trois films d’affilée, de préférence des films à petit budget, comme ceux que passe l’Angelika Film Center à New-York, et que toute la vie de Chloé, c’est le karaoké. »
Louis Daufresne: « Il y a aussi des interviews, des rencontres avec des personnalités qui sont mis en valeur dans ces périodiques. »
Joseph Thouvenel : « Vous avez raison, comme cet entretien avec Victoria, « assise droite, sur un canapé chic et mince en total look VB, elle est aussi impeccable et « under control » qu’on l’attendait », pour expliquer comment elle a créé cette collection de Make-up, « dans des packagings noirs et or sublimes. Au final que du chic, du lourd, du qui fait très envie ».
C’est sûr ce n’est pas Marie Curie qui bricolait des packagings aussi top.
Pendant ce temps, on apprend que Soko et Marie-Agnès « parlent douleur, dépassement de soi et régime sans gluten ».
Un pas vers l’infini vous dis-je.
Dans ce concours d’intelligence, les hommes ne sont pas oubliés comme Miles Teller « avec sa gueule d’amour très fifties », lui qui « chante, danse et tombe les filles », ou Julien et son allure d’éternel adolescent », lui qui a trente-quatre ans « est un parfait reflet de l’époque, où les codes du sportwear se confrontent à ceux du luxe ».
Et il en a dans le cigare Julien, les filles qu’il imagine nous dit-il « portent des chaussures plates, car la plupart du temps dans la vie, les filles sont à plat ».
Il eut été dommage de se priver d’une telle profondeur d’analyse.
Comment ne pas évoquer également les conseils pratiques, comme mettre un sachet de thé dans ses baskets, car c’est moins cher et plus naturel qu’un désodorisant, ou la bonne méthode pour effilocher son jean, ou encore généralement avant la page horoscope, l’évocation de questions métaphysiques du type : « quand on a gratté un bouton, vaut-il mieux assécher ou hydrater » ?
Bien sûr, dans un même élan tous ces magazines vont soutenir la campagne officielle et ministérielle : « le sexisme, pas notre genre ».
Pas leur genre, je n’en suis pas si sûr. »